Le paysage mis en scène…

Nous vous proposons de découvrir un peu plus ce tableau d’Eugène Ciceri intitulé « La Seine à Saint-Ouen » et conservé au Musée des Beaux-Arts de Troyes. A l’origine, présenté au salon de 1866, il portait un autre nom: « Un temps de pluie « .  Ce tableau est présenté aux pages 56-57 de la monographie.

1866 est une année un peu exceptionnelle pour tous les futurs grands impressionnistes, Monet, Bazille, Renoir, Sisley et Pissarro : tous ceux-là virent en effet leurs tableaux acceptés au Salon de Paris. Pissarro fut particulièrement remarqué, dans un compte rendu du Salon, par le jeune Émile Zola. On signalera de cette époque le célèbre Joueur de fifre d’Édouard Manet et La Femme en robe verte de Claude Monet.

Le tableau de Ciceri fut salué par plusieurs critiques du Salon de 1866.  Ainsi, dans le Journal des arts du 24 mai 1866, le rédacteur en chef, Georges Marye déclare que: « M.Eugène Ciceri nous donne avec Un temps de pluie (n°406), une vraie peinture ; un gros bateau noir, à droite, fait reculer les arbres du fond, dont on voit la cime ; la rivière est très large, et le ciel gris, en se reflétant dans l’eau, justifie doublement le titre. »

Il est amusant d’évoquer la propre réaction de Ciceri qui écrit de Marlotte une lettre au Journal des arts et évoque alors ses deux toiles exposées en les qualifiant de « deux tartines » qui « n’auraient sans doute pas eu l’honneur d’être accrochées au milieu de tant de belles et jolies choses » si elles n’avaient pas été acceptées sans passer par le crible du jury. Il affiche ici sa modestie et son admiration pour des grandes peintures et peut-être aussi pour certains refusés du Salon. Et le critique Georges Marye de lui répondre que « ses deux tartines » ont été admirées : « l’une surtout (n°406) a rappelé au public que le lithographe dont le nom s’inscrit aux côtés de Bonnington, Raffet, Gavarni et E.Isabey, avait le pinceau aussi juste, aussi vrai que le crayon. »

B.Perat, Vernissage au Salon, Paris 1866

Dans son Salon de 1866 : deuxième étude sur les beaux-arts, le journaliste et critique d’art Félix Jahyer (1834-1907) constate  avec une certaine admiration que« M. Ciceri suit encore une autre voie, il peint finement aussi, mais il est plus réaliste et plus original dans le choix de ses motifs. Un temps de pluie (406) est une jolie petite toile, les barques sont disposées d’une façon tout à fait charmante, et l’effet de l’eau par un temps de pluie est très vrai. » Citons encore l’avis plus laconique d’Edmond About (1828-1885), écrivain et critique, dans son Salon de 1866 : « les pochades de M. Eugène Ciceri sont toujours des merveilles de facilité. Impossible de peindre avec plus de maestria par-dessous jambe. »

Comme pour beaucoup de ses œuvres (peintes, dessinées ou lithographiées), Eugène Ciceri ne se pose pas la question de la vérité de la représentation des lieux. Ainsi les titres qu’il donne à ses peintures ne sont volontairement presque jamais situés même si des indices peuvent parfois nous conduire à reconnaître une ville à proximité : il cherche surtout à donner une impression, une ambiance, privilégiant le travail des ciels se reflétant sur l’eau et la mise en scène du décor. La même année, il présentait un autre tableau intitulé: « Où vous voudrez ! »

 

 

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